Etienne AZAMBRE
(1859-1933)
"Le peintre des Anges"
Par Franz Torres-Quevedo
Biographie
L' Assomption de la Vierge, enlevée par deux anges
Huile sur bois
Non daté
(29 x 38)
Collection particulière
Étienne Azambre naquit à Paris dans la nuit du 1er au 2 février 1859, à deux heures du matin, au 9 de la rue Taranne, domicile de ses parents Gustave Joseph Azambre et Aline-Antoinette Tartois, dans ce qui était alors le Xème arrondissement. La rue Taranne, qui menait de la rue Saint Benoît à la rue des Saints-Pères, disparut ensuite lors du percement du boulevard Saint-Germain pendant les travaux d'Haussmann. De nos jours, le quartier natal du peintre correspond au VIème arrondissement.
Le père et le grand-père d’Étienne Azambre étaient tous deux avocats mais il préféra suivre une voie artistique,
se démarquant en cela de ses aînés et de ses deux frères cadets Pierre (1860-1930) et Paul (1869-1949), respectivement principal clerc d'avoué et ingénieur des Arts et Manufactures.
Etienne n'a que dix quand son père décède en 1869.
Après une scolarité au collège catholique Stanislas de Paris, durant laquelle il obtient un deuxième prix de dessin au Concours général de 1878, il se lance dans des études artistiques et picturales.
Élève de l'Académie Julian de 1879 à 1882 puis de l' École Nationale des Beaux Arts de Paris jusqu'en 1885, il a notamment comme professeurs durant cette période de formation William Bouguereau et Tony Robert-Fleury.
C'est durant ces années d'étude que sa mère décède le 31 décembre 1884 à l'âge de cinquante ans.
Memento mori d'Aline-Antoinette Azambre née Tartois, mère de l'artiste
Le recto représente la mort de la Sainte Vierge.
Dessin de L.J Halles. Image imprimée par Berthiault à Tours (Ref N°55) et gravée par F. Ludy.
Le verso a été personnalisé par les éditions Lesort, sises rue de Grenelle, revendeuses, entre autres d'images pieuses mémorielles.
Au cours de ses classes militaires à Orléans, il se lie d'amitié avec les peintres Lucien Simon et George Desvallières.
A partir de 1883, il participe régulièrement au Salon des Artistes français à Paris en présentant des
sujets religieux ou des scènes de genre.
Sa première peinture exposée cette année-là s'intitule Deux enfants .
Il présentera ensuite successivement dans ce même Salon :
En 1884, une Sainte Famille
En 1885, un Saint François d'Assise prêchant aux Oiseaux
En 1887, une autre Sainte Famille et un tableau intitulé Liseuse
En 1888, Retour des champs
En 1889, Jésus chez Marthe et Marie et une Étude
En 1890, Musique de chambre pour lequel il obtient une mention honorable
En 1891, L'Inspiration
En 1892, Le rêve de sainte Cécile
En 1894, Au Louvre
En 1895, La vocation de Jeanne d'Arc
En 1896, Andante
En 1898, une Liseuse et Le jeu de l'oie
En 1899, Les Vierges sages et les Vierges folles ainsi que Déjeuner sur l'herbe
En 1900, Dans l'escalier pour lequel il obtient une mention d'honneur
En 1901, La toupie hollandaise
En 1902, Les Vierges sages et les vierges folles ainsi qu'En été
En 1903, Bouquet d'hiver
En 1904, Première communiante
En 1889, il expose deux toiles : Intérieur d'atelier et Liseuse dans le cadre de l'exposition annuelle des Amis des Arts du Département de Seine-et- Oise qui se tient dans les salles du château de Versailles
En 1890, dans le cadre de la 29ème exposition de la Société des Amis des Arts du département de la Somme,
il présente deux oeuvres intitulées Liseuse et Première communiante.
Quelques œuvres d’Étienne Azambre, religieuses ou profanes, présentées dans les divers salons, seront reproduites en couverture de magazines tels que Le Monde Illustré, La Famille, La France Illustrée...
En janvier 1893, il est invité à participer à l'exposition annuelle du Cercle belge pour l'Art qui se tient à Bruxelles au Musée Moderne. Parmi les nombreux autres artistes invités à cet évènement, citons les peintres Edward Burne-Jones (1833-1898), Maurice Denis (1870-1943) ou le céramiste et maître verrier Émile Gallé (1846-1904)...
Sans que l'on sache s'il en était membre actif, ce qui n'était pas un prérequis pour y participer, on sait également qu’Étienne Azambre participe à plusieurs Salons artistiques de l'Ordre de la Rose-Croix catholique et esthétique du Temple et du Graal. Cette société mystique fondée par Joséphin Péladan (1858-1918) cherchait entre autres à lutter contre le matérialisme ambiant en encourageant notamment des courants artistiques comme le Symbolisme.
Étienne Azambre expose donc en 1893, sous le dôme central du Palais du Champ de Mars une Sainte Famille,
Le rêve de sainte Cécile, une Tête de femme et une esquisse intitulée De profundis.
En 1894, ce même Salon de la Rose-Croix qui se tient cette fois à la Galerie des Artistes contemporains au 5 rue de la Paix accueille une autre œuvre d’Étienne Azambre : Noël.
En 1895-1896, associé au peintre Adrien Moreau-Néret , il réalise la décoration intérieure de l'église Sainte Marie-Madeleine d'Equennes dans la Somme.
Il y peint notamment quatre fresques représentant des scènes de la vie du Christ.
Étienne Azambre adhère à la Société de St Jean, un cénacle théologique, artistique et culturel.
Un certain nombre d'artistes de renom en ont assuré la présidence annuelle.
Parmi ceux-ci, citons Vincent d'Indy, Paul-Hippolyte Flandrin ou Luc-Olivier Merson.
En 1909, Étienne Azambre assure la vice-présidence de la Société .
Il rédige même quelques articles pour la revue qu'elle édite :
Notes d'Art et d'Archéologie.
C'est grâce aux chroniques présentes dans cette publication que l'on apprend qu' Étienne Azambre participe à plusieurs reprises (1896, 1897, 1903, 1906, 1908) à l'exposition annuelle de la Société de Saint-Jean.
Il expose notamment en février 1896 trois œuvres : Noël, Andante et Dans l'herbe.
L'année suivante, en mars, il présente trois autres toiles : Bonsoir, A Cannes et La paysanne.
Affiche de la seconde exposition de la Société de St Jean
qui se déroula du 10 au 22 février 1896
au 76 de la rue des Saint-Pères à Paris.
L'illustration est d'Adrien Duthoit (1867-1917)
Héritière de la Confrérie de Saint Jean l’Évangéliste fondée en 1839, cette association a pour but de réunir et d'encourager des artistes exerçant dans diverses disciplines à condition qu'ils témoignent dans leurs œuvres, et au-delà de leurs différences de style et de technique, d'une foi sincère dans l’Église.
Bouasse-Lebel. Ref 4367
Toute première image éditée pour la Société de
Saint-Jean par Bouasse-Lebel,
illustrée d'une œuvre d’Étienne Azambre.
La Société de Saint Jean décide de monter son propre catalogue d'images pieuses. Étienne Azambre signera la toute première d'entre elles intitulée La Communion de la SteVierge. D'autres suivront, publiées en collaboration avec diverses maisons d'édition parisiennes dont Schaefer ou Bouasse-Lebel. C'est avec cette dernière société, sise au 29 de la rue Saint-Sulpice à Paris, qu' Étienne Azambre entame alors une collaboration qui s'avèrera riche et fructueuse.
Dès lors, sa peinture, hormis quelques paysages, scènes de genre ou portraits réalisés ici et là à la demande de familles bourgeoises, sera désormais d'inspiration quasi exclusivement religieuse.
Il réalise pour Bouasse-Lebel plusieurs centaines d’œuvres qui seront reproduites sous forme de certificats et images de communion, de professions de foi, de prises de voile, de décès, d'almanachs religieux, de cartes postales ou de gravures à encadrer divulguées à des milliers d'exemplaires en France et dans certains pays d'Europe.
Les thèmes choisis, correspondant aux commandes de ses éditeurs, sont presque exclusivement tirés du Nouveau Testament avec une prédilection particulière pour le Saint-Sacrement, la vie de Jésus et la représentation sublimée de la Sainte Vierge. Une autre part de la production du peintre rend hommage aux saints les plus populaires du moment.
En 1912, il participe à l' Exposition d'Art Chrétien Moderne au Pavillon de Marsan à Paris.
Il y présente une œuvre intitulée La Vierge et l'Enfant.
Il entreprend, entre 1916 et 1919, la décoration de l'église de Senan dans l' Yonne, village où se trouve la propriété familiale. Il y peint quatre grandes fresques représentant entre autres La Nativité.
Une Sainte Famille réalisée quelques années auparavant sera offerte comme peinture d'autel à cette même église.
Entre 1915 et 1925, Étienne Azambre réalise sous le pseudonyme de E. Piaz un certain nombre d'images pour la société Bouasse-Jeune, concurrente de Bouasse-Lebel. Il pourrait s'être associé pour réaliser ces illustrations à un autre peintre, dont on ne connait pas l'identité avec certitude .
Plutôt considéré par la critique comme un imagier "sulpicien", avec tout ce que cela pouvait avoir de péjoratif, que comme un véritable "artiste-peintre", Étienne Azambre sera rapidement oublié après son décès, sans doute parce qu'il resta jusqu'à la fin de sa vie très à l'écart des révolutions picturales élaborées par certains de ses contemporains. Il fut toutefois considéré en son temps comme un maître de la peinture religieuse populaire.
Son style, allié à une technique très sûre, faite à la fois de précision et de flou, avec des personnages dépeints à partir de modèles récurrents, contribue à faire de lui un artiste d'un académisme persistant. Ses compositions rappellent parfois certaines peintures hiératiques religieuses de son maître William Bouguereau empreintes d'un symbolisme/préraphaélisme discret fait d'innocence, de candeur et d'extase qui correspondait tout à fait aux enseignements religieux et à l'image du message christique que souhaitait véhiculer l’Église à cette époque.
Douceur des visages, fluidité du trait, légèreté des drapés, sfumato de paysages apaisants à l'arrière-plan, courbes élégantes de nuées d'anges aux ailes majestueuses et aux sourires bienveillants resteront à jamais la marque de ce peintre discret et prolixe.
Il meurt le 21 juin 1933 à l'âge de 74 ans en son domicile parisien du 157 boulevard Saint-Germain dans le VIème arrondissement.
Une messe à sa mémoire est célébrée en l'église Saint-Germain-des-Prés le 1er juillet 1933.
Étienne Azambre repose dans le caveau familial du cimetière communal de Senan dans l' Yonne.
Table des Matières
Musique
Gabriel Fauré
(1845-1924 )
In Paradisum
Extrait du Requiem Opus 48
© 1933 Etienne Azambre pour l'ensemble des oeuvres présentées.
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